Tant à perdre

On ne peut fuir le temps. Bien au contraire, il finit toujours par nous rattraper même si on ne sait jamais quand.
Tout être rencontre un jour à son encontre
Des moments où son destin ne peut jouer contre la montre
Ce qu’il adviendra de lui dans sa vie de demain
Il ne peut le savoir ni le prévoir pour agir à sa main
Il ne peut compter que sur la providence
Sans savoir à l’avance s’il aura de la chance
Ces périodes de transition sont d’une telle violence
Qu’aucun de nous ne mérite une telle engeance
Cette tragique temporalité risque de nous confondre
Et ruiner l’homme jusqu’à ce qu’il s’effondre
Cette issue hasardeuse masque notre solitude
Invite à la tolérance face à cette incertitude
Intense silence, qui se danse comme une transe
Dense est la quête de sens, de cette opaque errance
Penser ce sens qui se pend à notre impuissance
Alors que tout notre être est déjà en partance
Sans dessus dessous se dessine en nous cette latence
Souffrons de la mise à l’épreuve de notre patience
Épars, pillée la douce mélodie de nos ambitions
C’est éparpillé que nos certitudes volent en perdition
Assujettis, il ne reste ici que notre espérance
Pour tenter malgré tout de retrouver une cadence
Combattre cette servilité et ne pas faire allégeance
Grandir de cette épreuve passée souvent sous silence.
Il faut alors lutter contre l’adversité pour sortir d’outre tombe
Ne pas sombrer dans l’oubli d’un sort qui nous incombe
Se vider de tout ce qui encombre et sortir de l’ombre
Éviter de rompre, tenir en respect ce décor qui sombre
Rester assurément en suspens le temps d’une danse
Errance en silence qui ne peut rien prévoir ne se panse
Ni ne pense à cicatriser dans cette terne éternité
Ne peut alors que vivre cette valeureuse épreuve avec dignité
Se tenir à l’orée du choix et patienter dans la pénombre
Ne jamais capituler pour vaincre cette période sombre
Braver cette déférence qui nous précipite vers l’absence
Étreindre le temps pour l’habiter de toute notre présence.