Vers l’automne
Il est impossible de revenir entier d’un voyage. La première rencontre avec un ailleurs nous arrache à nos certitudes et nous ne sommes plus tout à fait le même dans ce nouvel environnement. Une part de nous est restée à la maison et rappelle à chaque minute cette étrange sensation de n’être nulle part, car en deux endroits en même temps. Cette temporalité nous aspire jusqu’à ce que progressivement les rapports s’inversent. Au fil du temps, notre maison semble alors plus lointaine qu’auparavant et l’étrangeté du voyage se mue en apprivoisement.
Puis, plus le départ arrive, plus nous nous surprenons à y laisser quelque chose de coûteux. Nulle rencontre n’est gratuite, parce elle s’accompagne d’une séparation. Or, une fois revenu, quelque chose a changé. Une autre partie est malgré nous restée là-bas et nous ne savons qu’en faire. Elle subsiste insondable, inaccessible, hors de portée, un peu comme un rêve lointain dont on peine à se remémorer. Expectative, Flottement de la pensée, suspension du temps, un regard nomade imprègne cet être divisé par cette violence silencieuse. C’est alors que le désir de repartir étreint et révèle à ce dernier qu’il avait l’âme du vagabond sans le savoir. Et c’est ainsi que se prolonge une histoire avec ou sans lendemain. Puisse le voyageur être capable d’en saisir toute la beauté, même s’il est le seul à en payer le prix.
