Eduquer par défaut
D’aussi loin qu’il m’en souvienne, que n’ai-je connu d’aussi délicat que l’éducation. En moins de temps qu’il ne faut pour le dire, elle façonne un monde qui lui échappe aussitôt pour lui revenir à ses dépens. Malmenée, elle devient une malédiction incontrôlable. Des générations s’y sont perdues, aveuglées par ce qu’elles ont tenu pour vérité. Éducation et vérité ne vont pas ensemble. Elles ne peuvent se côtoyer durablement sans se nuire. Il n’y a pas de bonne éducation. Il n’y a que manque. Et au siècle avancé où nous nous trouvons, cette dernière représente plus que jamais un problème, mais un problème sous-estimé. Elle souffre d’un manque d’intérêt général. Elle s’expose partout, démunie en proie à tous les pièges de la modernité et personne ne prête attention à cette détresse quotidienne qui s’insinue jusque chez nos enfants. Peut-être sommes nous déjà perdus. Mais qu’en sera-t-il demain ? Nous sommes tous éduqués par défaut. C’est dire qu’il nous appartient de nous préoccuper de cette défaillante imperfection, faute de mieux.
